Par CAPCAP - 06-09-2024 10:37:44 - 7 commentaires
2 ans
Il y a deux ans, je me réveillais d’une tranquille nuit, pour aller me faire ouvrir la cage thoracique et le cœur. C’est incroyable qu’on sache faire ça et d’y avoir droit (dans notre pays)
Aujourd’hui, ma petite pompe semble aller très bien, cependant, je n’ai jamais réussi à reprendre de la vitesse en CàP malgré des mois de fractionné.
7 mois
Fin janvier, je lâchais. Je sentais que je ne pouvais plus. Je quittais le boulot pour rentrer chez moi, ou plutôt chez mon médecin, qui m’a arrêté.
Sept mois et demi après, il y a clairement une part de la fatigue, celle accumulée en tentant de tenir, qui a disparu. Mais une fatigue de fond demeure et m’empêche des efforts un tant soit peu soutenus.
Il y a presque 3 mois, la neurologue m’a prescrit un anti-épileptique. Je ne sens pas d’effet secondaire, certes, mais je ne sens pas d’effet du tout. Coup d’épée dans l’eau.
10 mois de "perdus"... Non, ils ne sont pas perdus, il fallait sans doute passer par là, mais c’est long.
Ma neurologue m’a aussi demandé si j’avais fait un dépistage de l’Alzheimer… pas très rassurant.
7,5 mois sans travailler… ça m’inquiète un peu, je sens que reprendre n’ira pas de soi… Le moment venu. Je crois qu’aujourd’hui je pourrais faire un travail manuel, ou du moins sans charge mentale. Mais pour l’instant, cette société m’offre généreusement un temps pour me soigner.
Je remercie beaucoup Aurore, de la chaîne Glie Factory pour ses messages qui m’ont aidé à accepter ma situation. Avoir de la bienveillance envers soi-même, ne pas se dire qu’on est nul, voir qu’on ne peut rien contre sa maladie, sauf faire en sorte de ne pas rajouter de couche psychologique.
Hier encore, je me demandais si je n’allais pas péter un plomb, après plusieurs jours où la fatigue est venue assez tôt, et lors d’un footing seul, car tous mes collègues étaient loin devant. J’essayais de profiter de la forêt qui m’entourait, mais ça ne dissipait pas le léger brouillard mental, ni un très léger vertige. 9km/h péniblement, alors que ma vitesse de récup après le fractionné était de 12km/h il y a 6-7 ans…
Ma psy m'a surpris en évoquant que mon passé de "grand sportif" ferait peut-être que je mon physique mieux à la fatigue que d'autres ne le feraient. Je me demande dans quelle mesure ça peut être vrai.
En 7,5 mois à "temps libre complet", je n’ai pas été fichu de ranger quoi que ce soit de significatif dans mon appart hyper encombré. Je prends un truc pour le ranger, et je vois un autre truc qui pourrait être utile ailleurs, puis je butte sur un tas qui m’empêche d’accéder là où je voulais mettre le 1er truc… Et je finis par ne rien ranger… Mais je pense sincèrement que la fatigue est pour quelque chose dans ce laisser-aller.
Il n’est pas toujours facile de vivre dans le présent, avec peu de vision de l’avenir. Mais à certains points de vue, c’est une expérience intéressante. A suivre...
PS : je manque d’énergie pour bien relire, alors je poste quand même, merci de votre indulgence.
Par CAPCAP - 21-06-2024 10:21:09 - 11 commentaires
5 mois déjà…
Et 250 siestes plus tard...
Moi qui culpabilisais au bout de 4 jours d’arrêt !!!
Là, je ne culpabilise plus, je suis clairement trop fatigué pour travailler.
Côté intellect
J’ai toujours une difficulté à me concentrer, surtout sur les problèmes complexes comme la coordination de tâches.
Une discussion très tranquille sera OK, un échange "normal" va me fatiguer en 3/4h - 1h, un entretien dense me fera déconnecter en 1/4h - 1/2h...
Côté sport
En CàP, c’est bien ralenti. J’atteignais péniblement les 10km/h il y a 1 mois, aujourd’hui 8 ou 9km/h au mieux. Ca semble baisser, mais ça n’intéresse pas trop les médecins, pour eux, tant que je cours, ça va...
Bon, la vitesse je m’en fous sur le fond. Mais j’aimerais pouvoir courir encore avec les collègues plutôt que seul.
Me déplaçant à vélo, je peine dans les côtes qui m’étaient "faciles" avant.
Avec ma psy, on pense que j’arrive à courir un peu parce que j’ai un passé de "grand sportif", que je serais sans doute à l’arrêt sinon.
J’ai facilement de multiples petites douleurs comme si j’étais fragile. Mais je sais aussi que mon age augmente...
Objectivation
Ma montre Samsung indique toujours 1/4 du sommeil profond normal.
J’ai refais une polysomnographie et j’ai encore 14 micro-éveils par heure, toujours en corrélation avec les mouvements périodiques de mes jambes.
Clairement, les premiers traitements n’ont pas fonctionné. 7 mois de "perdus". Cependant, je comprends que la neurologue ne prescrive pas vite d’antiépileptique, avec les effets secondaires possibles et le risque de développer une dépendance… Je commence donc à prendre de la gabapentine. Pas d’effet secondaire à ce jour, mais pas d’effet tout court. Patience...
Ras-le-bol ?
Une de mes attentions est de ne pas m’énerver avec cette fatigue, de ne pas prendre en grippe cette vie ralentie, de ne pas haïr cette maladie qu’on ne guérit pas. Je souhaite méditer un peu plus. J’avoue que de temps en temps, je suis à deux doigts de laisser éclater le ras-le-bol...
Occupation
Entre les rendez-vous médicaux (ou les recherches de RDV), le remplissage des tableaux de suivi du sommeil, les discussions avec les proches, mes recherches sur le Net, les siestes, etc. j’ai l’impression que ce syndrome occupe l’essentiel de ma vie…
Malgré ces 5 mois d’arrêt, je n’ai pas rattrapé mon retard en paperasse, rangement, nettoyage...
Aiguillon
C’est peut-être une bonne chose de passer à demi-traitement (salaire des fonctionnaires) pour que je ne m’installe pas dans le confort (très relatif) de cet arrêt ?
Mais après ?
Quelle différence avec le chômage ? J’ai un poste qui m’attend. Mais reprendre serait difficile, après 15 ans dans ce boulot, à flirter avec le burn-out.
Quand la fatigue sera gérée, me présenter à un autre poste est-il possible à 55 ans et après des mois d’arrêt de travail ? Je sais bien que la fonction publique territoriale a beaucoup de mal à recruter (mon salaire a diminué de 8,3 % sur 10 ans) mais les DRH ne veulent pas pour autant un canard boiteux.
Voili-voilou quelques nouvelles (que j’espère à peu près claires) d’un ancien ultra-traileur, en ce jour de l’été.
Je vous souhaite de très beaux trails estivaux (ou balades à vélo…)
Par CAPCAP - 21-04-2024 21:15:28 - 3 commentaires
Ce soir, petite séance de philo avec IAAF (Intelligence analytique artificielle faible)
Voici ma question existentielle :
La nature a-t-elle fait une erreur en associant reproduction sexuée et intelligence?
Réponse de www.perplexity.ai *
"La nature n'a pas fait d'erreur en associant la reproduction sexuée et l'intelligence. Au contraire, ces deux aspects sont intimement liés dans l'évolution des êtres vivants.
Selon les recherches présentées, la reproduction sexuée permet une plus grande diversité génétique et favorise l'adaptation des espèces à leur environnement. Bien que les plantes n'aient pas de système nerveux centralisé comme les animaux, elles démontrent néanmoins une forme d'intelligence à travers leur capacité d'adaptation.
De plus, la reproduction sexuée est considérée comme un mécanisme fondamental de l'évolution, permettant la transmission des caractères favorables à la survie des organismes. Ainsi, loin d'être une erreur, l'association entre reproduction sexuée et intelligence est un élément clé du processus évolutif qui a permis l'émergence de la diversité du vivant.
En résumé, la nature n'a pas fait d'erreur en liant ces deux aspects, car ils sont complémentaires et essentiels au développement et à l'adaptation des espèces."
Bon, reprenons point par point…
"La nature n'a pas fait d'erreur en associant la reproduction sexuée et l'intelligence. Au contraire, ces deux aspects sont intimement liés dans l'évolution des êtres vivants."
Soit.
"Selon les recherches présentées, la reproduction sexuée permet une plus grande diversité génétique et favorise l'adaptation des espèces à leur environnement."
Totalement faux ! L’humain n’a eu de cesse d’adapter la nature à sa volonté. Tant et si bien qu’il se met lui-même en danger en détruisant l’environnement.
"De plus, la reproduction sexuée est considérée comme un mécanisme fondamental de l'évolution, permettant la transmission des caractères favorables à la survie des organismes. Ainsi, loin d'être une erreur, l'association entre reproduction sexuée et intelligence est un élément clé du processus évolutif qui a permis l'émergence de la diversité du vivant."
Première phrase, on est d’accord.
Seconde phrase, non. Au contraire, l’intelligence (la capacité à comprendre l’environnement, à l’utiliser au mieux, à l’adapter, le transformer radicalement, à le détruire) associée à la reproduction sexuée (avec, chez les animaux, le besoin de paraître beau, de sembler fort, belliqueux, voire intelligent ou dominateur, au final de charmer pour accéder à la femelle) fait du mâle humain un pervers piloté par ses pulsions, doté d’une puissance d’action sans équivalent et donc d’une capacité de nuisance comme dame nature n’en avait jamais conçu.
Un monstre…
Conclusion :
Ne pas faire confiance à IAAF pour la philo ! 馃榿馃槀馃ぃ
(et peut-être pas à moi...)
* merci à akunamatata de m’avoir fait connaître ce moteur de recherche
Par CAPCAP - 19-03-2024 13:40:31 - 6 commentaires
Certains ont dû voir mes plaintes pour fatigue, ici ou là sur le forum, notamment ICI.
Mais pour ne pas pourrir ou alourdir ces fils, je poursuis sur mon blog.
D’une certaine façon, c’est presque un soulagement d’atteindre "enfin" ce niveau de fatigue où on est "enfin" pris au sérieux, où on ne passe plus juste pour un peu fainéant.
D’une autre façon, c’est un saut dans l'inconnu, une pathologie aussi floue.
Samedi est venue à moi une image assez claire de ma fatigue : après seulement 8km de footing, je me suis senti comme à la fin d'un ultra, un peu fébrile, l'équilibre un peu moins stable, l'attention difficile, l'envie de manger, l'impression de faire un gros effort pour être là...
Dans une mesure un peu moindre, c'est aussi ce que je ressentais ces derniers jours.
banditblue29 : ça ressemble à une hypoglycémie, ces symptômes…
Oui, ça y ressemble.
Mais la glycémie est censée varier un peu dans la journée, or j'ai eu des journées avec ces mêmes symptômes, en plus faible, mais constants.
Serait-ce un excès d'insuline? Un manque de glucagon, d'adrénaline? Une question de disponibilité du glycogène, de l’ATP ? Un effet de la fatigue ? … Ou un problème """simplement""" psy? :roll:
Et comme mon généraliste pense d’une part qu’il n’existe pas de traitement à mon problème et que d’autre part le rôle psy est notable, il ne cherche pas ailleurs.
En même temps, que peut-il faire en 7-8 minutes efficaces, sur une consultation d'un quart d'heure? M'orienter vers un spécialiste de quelque chose, sans doute…
Et par ailleurs, je lui parle de Mouvements Périodiques des Jambes pendant le Sommeil, et la littérature semble dire qu’on n’a pas de traitement pour cette pathologie, alors il y a de quoi le décourager… et moi aussi !
Je suis d’accord avec lui qu’être en arrêt de travail est une désocialisation, surtout pour moi qui vis seul. Mais je suis assez d’accord aussi avec ma psy qui pense que si je retourne au travail trop tôt, je risque de rechuter, en compliquant un peu plus la remontée.
Et je me trouve entre les deux, peu aidé par mes capacités intellectuelles diminuées.
Autour de moi, les gens sont nombreux à avoir eu des soucis. Mais ils ont presque tous une personne dans leur vie, voire des enfants dont ils sont responsables. Ça les motive à faire face, à tenir s’il faut. Les gens seuls, comme moi, sans engagement dans la vie (je ne suis heureusement plus en libéral), sans proche pour réconforter, conseiller, accompagner, sont forcément plus sujets à décrocher tôt.
‘Tit retour sur l’insuline et le glucagon, ils viennent du pancréas. Alors forcément je pense au cancer du pancréas qui a détruit mon père il y a bientôt 4 ans. Mais je n’ai heureusement pas mal au ventre.
Je ne crois pas manquer de volonté pour m’en sortir, je suis loin de me complaire dans mon arrêt de travail. Au contraire, je confie régulièrement ma culpabilité. Et travailler est structurant aussi. En compensation, je me suis informé (merci Internet) et j’ai pris des initiatives :
- vu une neurologue-somnologue, et revue,
- régularité du quotidien, du sommeil,
- luminothérapie,
- ostéo et thérapie des fascias,
- Réseau Morphée, premier contact,
- repris la natation pour faire une troisième séance de sport hebdomadaire,
J’espérais fêter mes 20 ans de trail au Josas, où je m’étais inscrit pour 35km, carrément ! Mais ça sent le non-départ, vu que j’ai eu du mal à faire 8km, une semaine avant.
Et si les "problèmes psy" qui alourdissent ma vie, étaient (pour partie) d’origine somatique ?
Voili, voilou… un billet sur ces 8 semaines d’arrêt, forcément incomplet, mais écrit malgré les passages de brouillard dans la tête…
Merci aux Kikous qui ont bien voulu partager avec moi sur plusieurs fils du forum. 😉
R茅cit du 22 Janvier 2024 pour la course Trail des Marcassins - 17 km
Voir le r茅cit : Croziflette, galette et crampons, 1, 1, 4, 503 lectures
Par CAPCAP - 20-01-2024 14:01:57 - 2 commentaires
L'histoire de Romain est bien triste…
"Les antidépresseurs dans le collimateur de la justice après le suicide d'un adolescent", cellule investigation de Radio France
Pourtant, la notice de la paroxétine précise bien (il m'a semblé) les risques d'idées suicidaires.
La prise d'antidépresseurs n'est pas anodine, comme beaucoup de médicaments. Les effets secondaires sont à suivre. Particulièrement dans ce cas, vu leur gravité et la relativité des effets. Comment savoir à quoi est dû un changement de comportement chez un proche? C'est bien plus difficile que de remarquer des boutons, des rougeurs ou des vertiges. Et malheureusement, les psychiatres étant en très faible nombre en France, ils n'ont pas le temps de donner de multiples rendez-vous pour suivre de près un patient nouvellement traité. Mais dans le cas de Romain, il semble que la famille n’ait pas été prévenue, pour qu’elle soit attentive aux signes.
Comment savoir si le traitement est en cause pour ce suicide? On n'a pas de Romain-bis, un clone ayant vécu la même vie, aimé les mêmes personnes, détesté les mêmes autres, buté sur les mêmes obstacles de la vie, mais n'ayant pas pris cette molécule. Il n'y a pas de patient témoin.
Pourtant, les tricheries de GlaxoSmithKline sont effrayantes. Ils devaient vraiment en être conscients, pour lâcher 3 milliards de dollars.
Le drame de Romain est très triste, mais on ne peut pas forcément se passer de certaines molécules dont des effets très rares peuvent être dramatiques. Le fameux équilibre bénéfice-risque est la règle, pas celle du zéro risque. Heureusement. Sinon, on n'aurait pas opéré ma cardiopathie, sachant qu'il y avait un risque de rester sur le carreau. Bien sûr, la balance bénéfice-risque va pencher un peu autrement après cette histoire.
Une pensée aussi pour les conducteurs de trains, qui dans leur carrière ont écrasé des suicidaires. C'est le cas de mon cousin. Deux fois. Rude psychologiquement de voir son TGV foncer sur un corps, et ne rien pouvoir faire. Mais il est retourné à la conduite de train, il a ce travail dans la peau et il ne supportait pas de ne rien faire.
De mon côté, il se trouve que j'ai arrêté la paroxétine à la fin de l'été, car ça aggravait mon syndrome des jambes sans repos. Après une pause sans soutien, mais chaotique, j'ai trouvé un nouvel équilibre avec un autre ISRS, la sertraline.
Par CAPCAP - 03-12-2023 21:09:00 - 1 commentaire
Content de courir !
Jeudi au stade, nous avions notre entraîneur, tout gentil. Comme d'hab.
Alors qu'au milieu, les footeux se faisaient engueuler comme du poisson pourri !
Quel plaisir peut-on prendre à venir faire du sport dans ces conditions? Je ne comprends pas. Comme ils sont nombreux à ne pas comprendre qu'on puisse trottiner pendant des heures et des heures...
Aie ! (coup de règle sur les doigts) Oui, j'avoue avoir souri quand leur entraîneur leur a crié : "Maintenant, il va falloir être intelligent!"
Journal d’Arrêt de Travail - Mardi 3
Par CAPCAP - 03-10-2023 20:39:58 - 2 commentaires
Journal d’Arrêt de Travail
octobre 2023
Mardi 3
Réveil après une nuit "normale" de 8h30 et 5 levés-pipi. Éveil fatigué, comme d’hab.
À peine arrivé au bureau, mon chef m’appelle pour que je prenne son relai sur une analyse d’offres. Bien que débordé, je ne sais pas dire non, comme toujours.
Deux heures après, la syndicaliste CFDT à qui je m’étais confié il y a deux mois, passe pour nous parler prime, elle me voit et me demande, inquiète, comment je vais. J’évoque ma fatigue, et comme hier chez ma psy, je me mets à pleurer.
Sur leurs conseils, je vais voir mon médecin qui m’arrête.
Je suis embrumé et tremblotant.
L’appétit n’a jamais été touché, et je vais un peu mieux après un repas.
Je mets un SMS à mon chef pour le prévenir de mon arrêt. Il me répond de l’appeler pour la réunion qu’il a peu après avec le DGS… "Chacun ses priorités" comme dit la syndicaliste. Au moins, je sais maintenant à quoi m’en tenir avec lui.
J’écoute Jean-Louis Aubert, "Du Bonheur" et je pleure à nouveau à l’évocation du bonheur et de "tout le boulot" qu’il répète une douzaine de fois. Je me sens épuisé de cette vie.
Sieste. Ben quoi ? Faut bien que je remplisse le contrat : repos.
Aubert me fait le même effet...
Par chance, il me vient à l’idée d’un ami avec qui je pourrais prendre un thé au musée Bourdelle. En m’y rendant, je me sens extraterrestre dans Paris. Comme anesthésié.
Tout de suite, je me sens bien accueilli dans ce musée (gratuit) La cour d’entrée est foisonnante de plantes et de sculptures, entre les arcades. Je ressens des émotions fortes devant certaines œuvres, je ne suis pas dans un état normal.
Mais c’est bien, ça fait glisser mes émotions de moi et ma situation, vers ces sculptures.
Sur la terrasse haute, je suis pris par "Apollon et la méditation", je me vois en Apollon (oui, je manque un peu de modestie) avec la Bienveillance déployant ses bras derrière moi…
Bon, mon ami me répond, pas dispo.
Mais je suis si content d’être venu ici.
Ça ne sera pas pour aujourd’hui, la réponse de la neurologue. Hier en effet, j’ai contacté son cabinet, sur l’insistance de ma psy, et rempli un long formulaire sur mon sommeil, il m’a fallu une plombe pour ça, notamment à cause de la fatigue.
Objectif : savoir qui de l’œuf ou de la poule est à l’origine de la fatigue et de la dépression. Les deux sont possibles. Voire un mélange des deux...
Allez! 21h approche. Je vais me brosser les dents et me coucher... À moins que je ne prenne le temps de boire un tilleul...
Par CAPCAP - 07-08-2023 21:14:37 - 4 commentaires
Chartreuse en 2023...
14e itinérance en rando-course… que dire une énième fois ?
D’abord du cœur !
La petite pompe a bien fonctionné. Elle m’a permis de faire la totalité du raid (env. 122km et 10 000 mD+) laissant cependant quelques sommets à mes collègues (Granier…)
Un découpage assez déséquilibré a fait deux journées successives à 24km et 2050mD+, du lourd, pour moi !
Ensuite la beauté
Ces vallées vertes joliment courbes, sont encadrées de falaises blanches violemment rugueuses. Il faut aimer les contrastes pour aimer ce massif !
En groupe…
Pas de chef, soit. Mais pas d’organisateur, c’est moins bien. L’un de nous a proposé une trace, pour, dès les premières critiques, dire que chacun devait l’adapter à ses capacités. Comme vu plus haut, des journées étaient très longues, les quatre centrales faisaient presque 10h d’activité…
Il faut aussi noter des passages très aériens et/ou techniques. Trop pour plusieurs d’entre nous. Ça a renforcé l’éclatement du groupe, jusqu’à voir l’un d’entre nous cheminer seul un jour…
Le mercredi, alors que je ralentissais pour ne pas laisser un camarade seul, et que les autres ne s’en préoccupaient pas le moins du monde, nous nous sommes trouvés devant le Pas de la Mort, trop périlleux pour moi, et beaucoup trop pour lui. Il trimballait en plus un sac à dos bien trop encombrant (et trop lourd) Du coup, je mets mon sac côté ventre, je mets son sac sur mon dos, et je commence les 300m de difficultés. Il ne s’est pas fait prier, en fait il n’a rien dit. Comme moi, il s’était mue dans un état second, très concentré et absent. Inquiétude à l’approche d’un passage avec échelons entre deux parois de calcaire, c’est passé, avec une légère torsion du corps, le sac-à-dos au dos n’a qu’un peu frotté alors que le sac ventral franchissait les échelons un à un.
Le sur-lendemain, alors qu’il fallait franchir un torrent encaissé entre deux pans de roche, j’ai à nouveau pris son sac et avancé. Un quart d’heure après, j’ai senti la tenue flancher. Avec la chute de la pression, j’ai évacué quelques larmes. C’est là que je me suis rendu compte comme j’avais pris sur moi deux jours avant. Alors je me suis dit que je ne ferai plus de passage périlleux, du fait d’un collègue, comme je n’en aurait jamais franchi par moi-même.
Je crois que j’ai adoré ces itinérances, dont j’étais d’ailleurs à l’initiative il y a une douzaine d’années. Mais la forme qu’elles ont prise ne me convient plus. J’ai bien aimé ce groupe, mais les personnalités me pèsent maintenant, je me sens vieux parmi des gamins…
J’ai envie de parcourir les paysages sans escalade, sans faire toujours plus difficile, toujours plus long, toujours plus… Juste parcourir les paysages.
Une page se tourne, une belle page de ma vie...
Par CAPCAP - 18-07-2023 21:11:26 - 4 commentaires
Éviter la vie
1. Tout petiot
Il gèle, pas facile d'aller à l'hôpital Foch sans sortir de route. Troisième enfant, j'ai un bon mois d'avance, j'étais donc pressé de découvrir ce monde?
J'ai des boutons aux fesses et je ne reprends pas bien mon poids, du coup on me garde en couveuse et maman rentre sans moi à ce qui n'est pas encore ma maison. J'ai donc commencé ma vie par une semaine sans mes parents, sans la chaleur du sein, sans la voix que j'ai entendue depuis son ventre.
2. Enfant, enfin...
Une situation exceptionnelle devient un inconvénient : je grandis dans une ruelle très calme où mes parents connaissent tout le monde (et à une autre époque). Du coup ma mère ne me surveille pas, elle a confiance, d'ailleurs elle reconnaît qu'elle ne savait jamais où j'étais.
J'avais peur de la bande de "grands" du bout de la rue. Mais il n'y avait personne pour me rassurer. J'étais confié à moi-même, trop jeune sans doute.
Ce n'est qu'à 54 ans que j'apprends ce qu'est l'attachement évitant. N'étant pas sécurisé par sa figure adulte, l'enfant n'ose pas explorer le monde, il craint de faire les expériences normales à son âge, et il commence à éviter, car il n'a personne à qui exprimer ses peurs. Comme il se sait pas ou mal écouté, il va naturellement éviter d'exprimer ses ressentis. Il se forge une carapace pour éviter les risques de la vie et pour éviter d'en souffrir.
Les cadets sont plus soumis à cette auto-protection car les adultes ont déjà à s'occuper des aînés et relativisent les difficultés du cadet, ils se disent que ça se passera bien, tout seul.
Me voilà donc enfant affublé d'une carapace, très loin de ressembler à la cape de super-héros que certains croient porter, alors que ce n'est que la bienveillante surveillance d'un parent.
3. Ado? … à d’autres
À 10 ans, je débarque avec un an d'avance au collège, un établissement énorme, 1 200 élèves, à l'intérieur d'un des plus grands lycées de France, Joffre à Montpellier. Il faut en plus découvrir une autre culture, puisqu'on vient de déménager de Paris. Mes parents sont très occupés par tous ces changements, stressés, voire déprimés, donc peu disponibles.
Mes camarades parlent de sexe alors que je me sens encore enfant. Ça renforce ma méfiance des grands, costauds, braillards.
À mon tour, ça vient, mais je sens que c'est différent. Très vite je m'identifie à la vermine dont les noms servent d'insulte permanente : "sale PD" ou "espèce d'enculé".
Je suis loin de m'affirmer, de découvrir le monde, les gens, le désir, les sentiments, au contraire je conforte ma carapace et m'y réfugie profondément. Incapable de tout sport qui pourrait me faire toucher l'autre ou engager des relations de jeu, de rivalité, de supériorité. Je me réfugie dans le jardinage, là où on peut être seul.
Déconnecté, isolé, déjà déprimé, mes très bonnes notes virent au passable.
4. Étudiant et tendu
À l'école d'Architecture, il y a des étudiants ouvertement homos, je les vois bien, je vois bien qu'ils sont plutôt acceptés. Mais je suis trop coincé pour être capable d'aller vers eux. À ma carapace s'ajoute la honte, la honte de mon incapacité à faire ce petit effort vers eux, la honte de cette homophobie déjà intériorisée, une honte profonde de ce que je suis. Heureusement, des études intéressantes me permettent de m'investir dans le travail, un classique chez les évitants.
5. Un marsouin sur mars
Mes études terminées, à 25 ans, l'armée m'envoie faire mon service militaire en tant que marsouin à l'autre bout du monde. Être à 18 000 km de mes proches ne me pose pas trop de problèmes, puisque je n'ai jamais été très proche de "mes proches".
J'ai 5 ans de plus que mes camarades, mais eux sont tellement plus affirmés, bavards, joueurs... vivants en fait.
Un camarade passera des mois à me faire des avances sexuelles, mais je ne les entendais pas, j'étais dissocié de cette partie de mon cerveau qui entendait ces mots, j'étais comme anesthésié et cependant quelque chose en moi hurlait mon désir pour lui. J'étais à la fois les cris et la chambre sourde. Et j'étais un paquet de honte qui avait une peur bleue de la hiérarchie, et de l'éventualité d'être découvert comme gay.
6. Du boulot au bitume
Je travaille, je suis un citoyen à part entière. Sauf que je suis toujours puceau et que je côtoie bien moins de monde que quand j'étais étudiant. J'ai horreur des soirées festives où on danse. Ça m'arrange d'aimer le rock-punk car ça se danse forcément seul, pas de risque de slow...
À trente ans, je travaille à Versailles et me décide à trottiner dans le parc. Ça me vide la tête, dans la "nature". Je découvre aussi le bien-être apporté par le sport. Je m'inscris dans le club d'athlétisme du coin et je passe d'aucun sport à 5 séances hebdomadaires, ça fait tellement de bien de se vider la tête de ces douleurs que j'y passe presque tout mon temps libre. Grâce à Internet balbutiant, je découvre un club de course à pied LGBT.
7. Mes paires de running avec mes pairs
J'ose enfin me rendre à un entraînement des FrontRunners. Je n'en mène vraiment pas large. Mais l'accueil est très respectueux et sympathique. Je me rends compte que les homos sont des gens comme tout le monde, qu'ils ne vous sautent pas dessus! Je me sens con, mais aussi très heureux parmi eux. Cependant, tout bloqué que je suis, il me faudra encore 3 ans pour avoir ma première relation sentimentale et sexuelle. Et en même temps ma première déception amoureuse... Je vais doubler ma peur viscérale du conflit d'une peur de la séparation, avant même de pouvoir échanger avec les gens et encore moins de flirter.
8. Dit social ou dissocié ?
Les années passent, l'évitement se mue de plus en plus en dissociation. Je ne ressens plus grand-chose. Ici une catastrophe naturelle, rien. Là un attentat, rien. On me déclare mort ça me laisse froid. Mon père meurt d'un cancer du pancréas et je ne pleure pas, je ne suis même pas triste, juste résigné. On me dit qu'on va arrêter mon cœur pour le réparer, ça ne m'impressionne pas plus que ça.
Ces dernières vingt années, j'ai vu une sophrologue, un coach, cinq psys... Pour un gain minime. Enfin quand même pour un coût de 30 000 €.
Cette fois, je crois être tombé sur une "meilleure" psy. Elle évoque l'attachement évitant, et rétrospectivement, tout semble se remettre en place dans ma vie, je crois comprendre mon parcours évitant.
9. Chapitre neuf
Et c’est le chapitre neuf, qui reste à construire...
. . .
Pour en savoir plus : Gwénaëlle Persiaux : Coupé des autres, coupé de soi !