Par CAPCAP - 18-02-2018 21:50:51 - 3 commentaires
14 février 2018 et un peu au-delà
Libre !!!
Ce soir serais-je libre?
Libre de quoi?
Libre de manger ce que je veux, en écoutant ce que je veux, et en regardant ce que je veux.
Mais est-ce être libre que de faire ce qu'on veut?
J'ai des doutes.
Tout juste une petite liberté, comme on parle des petits bonheurs quotidiens quand on n'ose pas parler du grand bonheur.
Libre aussi de ne pas inviter au resto, de ne pas acheter de rose...
On n'est pas libre de la saint-Valentin, quand on est seul.
Je suis libre de courir ou pas.
La dépendance n'est plus là. Ni physique, ni psychologique. Seul demeure un manque d'activité faisant prendre l'air et faire un peu de sport. Libre de devenir sédentaire?
Libre de travailler encore 17 ans, jusqu'à la retraite, sans risquer d'augmentation de revenu (je suis fonctionnaire et je dois rattraper mon échelon, soit 17 ans)
Mais je ne suis pas libre de mes choix et de mes réactions, elles sont trop dirigées par mon inconscient ou par mes micro-cerveaux. J'en suis conscient, mais ne peux pas y faire grand chose, si ce n'est m'en rendre compte après coup, ce qui est déjà un gros effort de prise de conscience.
Libre de toute religion, mais sans croyance qui me porte. Je suis libre d'assumer pleinement et personnellement les idéaux qui me guident.
Je suis libre d'être pétri d'écologie, d'être flexitarien, de ne prendre que très rarement l'avion, de chauffer très peu chez moi… et d'être un peu chiant...
Mais suis-je libre de mettre un jour fin à ma vie? La société fait tout pour qu'on ne le fasse pas. faut-il tant de travailleurs, de consommateurs, de contribuables pour nous sommer de vivre? Ou est-ce toujours l'interdit religieux dans une société qui se targue d'être laïque? Ou la peur d'assumer l'échec sociétal dans lequel les pays riches se trouvent avec un taux de dépressions très élevé?
Je suis libre de payer 2500€ par an de psychothérapie parce que la société n'est pas prête à prendre en charge ces soins. Sait-on seulement combien de psychothérapies sont pratiquées en France? Des centaines de milliers? Plus? Impossible à prendre en charge dans l'état de la Sécu. Ou alors il faut prouver qu'on est "vraiment" malade, et on est pris en charge pour 3 mois mois d'hôpital psy.
La prévention psy n'intéresse pas…
Je suis donc libre de déprimer dans une société qui ne sait encore presque rien faire contre. "Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard" Aragon.
En étant propriétaire de mon logement et pourvu d'un travail à durée indéterminée, je suis libre de consacrer mon esprit à d'autres questions. Le confort de vie apporte la "liberté" de plus de questionnements existentiels. (Pyramide de Maslow)
Et n'y a-t-il pas des fausses libertés, comme celle de se décharger de ses hontes (mon homosexualité, ma dépression) car ce qui est quasi impossible peut-il être une liberté? Pourtant personne ne m'en empêche véritablement, sauf moi-même et bientôt 50 ans de vie dans cette société. Une liberté doit donc avant tout être de l'ordre du possible.
Serais-je libre de fatiguer les gens avec mes textes égocentrés… Mais on dit que pour aller vers les autres, il faut s'aimer d'abord soi…
Par CAPCAP - 11-02-2018 10:20:15 - 4 commentaires
Marche en pleine attention
La méditation en courant n'est plus mon sujet, vu que je ne coure plus :-(
Mais je souhaite vous faire part de mon expérience de la marche en pleine attention.
J'ai la chance d'habiter à 20 minutes à pied de mon travail. Depuis quelques mois je ne rentre plus au plus vite, mais plus lentement, en me coupant de tout objectif.
Ou plutôt si, UN objectif, celui d'être présent à mon chemin.
En sortant je porte mon attention sur le temps, un rayon de soleil sur ma peau, le vent balayant mon visage, le froid saisissant mes mains, quelques gouttes d'eau mouillant mes joues…
Puis je me "regarde" marcher, je ressens mes pieds se poser au sol, je prends conscience du travail de mes jambes pour avancer et maintenir l'équilibre à chaque pas.
Déjà l'activité du jour s'éloigne. Bien sûr des réflexion arrivent, reflet des préoccupations pour mon travail. En général, j'accueille ces pensées comme un évènement normal, sans m'en vouloir. Si elles me semblent importantes, je m'autorise à les noter pour y revenir le lendemain, comme ça je peux me dire que ces idées ne sont pas perdues, que je peux les oublier maintenant, car je saurai y revenir le lendemain.
Ensuite, souvent je ferme les yeux, marchant "dans le noir", l'attention décuplée sur mes autres sens, la proprioception bien sûr, mais aussi l'ouïe, le ressenti de l'air (chaud froid, humide…) sur mes mains et mes joues, et un peu la vue car je perçois encore la lumière d'un lampadaire, d'une vitrine…
Bien sûr ça ne dure pas longtemps, je n'ai pas de canne d'aveugle. Mais même par petits tronçons, ces moments m'aident à me connecter au présent. Avec l'expérience, j'apprends aussi à ne pas trop reconnecter mon esprit à la vue, quand je rouvre mes yeux pour vérifier ma route.
L'ouïe. Un sens que je redécouvre. Ce que je préfère? Entendre, non, écouter un chant d'oiseau là-haut. Mais il y a aussi nombre de bruits qui traduisent la vie de la ville. Des rires ou pleurs d'enfant au loin. Des pas de piétons, d'abord devant, puis sur le côté, et enfin derrière et disparaissant. Le brouhaha qui sort d'un café. Et ces derniers jours le crissement de mes pieds sur la neige…
A l'inverse, j'ai aussi essayé d'être présent les yeux ouverts. Mais avec le regard porté au loin sur un point fixe. Je porte alors mon attention sur ma vision périphérique, sans bouger le regard. Sur les côtés, je vois défiler les autos en stationnement, les fenêtres et les vitrines, les plantes, les arbres… Ça défile d'une façon étonnante, j'ai l'impression d'un montage, façon vaisseau de la guerre des étoiles!!! Je m'amuse aussi à frôler les branchettes, j'ai l'impression de m'inviter dans "leur espace".
C'est fou la sensation de vivre qu'on peut ressentir après 1/4h comme ça. J'arrive en général détendu et heureux chez moi, loin des préoccupations professionnelles.
Je dis "en général" car il arrive parfois que je n'arrive pas à me sortir d'un certain mal-être. Mais c'est rare.
Si j'en crois Christophe André*, ça serait déjà de la méditation.
* "Le principe de toute méditation, c'est de s'arrêter et d'observer son expérience actuelle, la manière dont je respire, ce qui se passe dans mon corps, quel est le flot de mes pensées, de quelle manière je suis en rapport avec ces pensées, est-ce qu'elles m'asservissent, est-ce que ce sont des ruminations dont je n'arrive pas à me détacher ou est-ce que ce sont des pensées vis-avis desquelles je peux avoir un certain recul, les orienter, etc?" Christophe André