Renoncer... Décidément, cette question ne me quitte pas. Pourtant je vais beaucoup mieux depuis 2-3 mois, ce n'est donc pas le mal-être qui me conduit à nouveau à cette réflexion. Je pense même que renoncer est une voie vers un peu de bien-être.
Wiktionary: 1. Quitter, abandonner la possession, le désir de quelque chose, l’attachement à quelque chose. - 2. (Religion) Se dépouiller de tout amour-propre. - "Renoncer à soi-même, ce n'est pas se détruire, c'est donner et se donner" - Michel Quoist
Quand je vois des enfants se chamailler pour un objet, se mesurer, se comparer, j'ai envie de leur dire "Dépêchez-vous d'oublier ce comportement! Ce qui importe n'est pas d'en avoir une plus grosse que le voisin, ce n'est pas d'avoir! Ce qui compte c'est de se donner les moyens d'être, d'être soi, et d'être bien avec l'environnement, avec les autres" RENONCEZ! renoncez à copier les travers des adultes malades! (les malades, c'est à dire presque tout le monde, non?) Naïveté rousseauiste? Sans doute un peu... J'assume.
"Le Pèlerinage aux Sources" de Lanza Del Vasto m'a sans doute plus marqué que je ne croyais. Même si je ne m'imagine pas une seconde tout abandonner comme lui. Mais le fantasme est là probablement. Juste vivre, être, dans le présent, parmi les plantes, les montagnes, sous le soleil ou sous la pluie, dans la nuit... Finalement est-ce après ça que je coure mes ultra-trails? Est-ce ce que j'aime quand je pars seul 8 jours sur les chemins?
J'ai déjà un peu renoncé à plusieurs choses dans ma vie.
J'ai renoncé, contraint-forcé, à améliorer mon temps sur marathon. J'ai renoncé à faire chaque année plus de kilomètres, faute d'éviter les blessures. J'ai renoncé à une bonne place dans les course, pour cause de passage forcé à la marche au lieu de la CàP. Mais après avoir renoncé à tout ça, je crois trottiner un peu plus pour le simple plaisir de trottiner.
J'ai sans doute un peu renoncé à me différencier. Oui, je suis un humain sur quelques milliards. Et alors, je peux vivre ma vie sans me croire différent. Oui, je suis une poussière animée, consciente d'être. Consciente de n'être presque rien. Et beaucoup à la fois, un petit point singulier dans une évolution de quelques 14,5 milliards d'années.
Renoncer à la mode je ne peux pas car je n'ai jamais été à la mode. Mais franchement quand je vois les pantalons collants (comme c'est désagréable) et les jeans déchirés d'avance (quelle absurdité environnementale) je me demande pourquoi plus de gens ne renoncent pas à la mode.
Je crois que j'ai renoncer à me morfondre de ma solitude. Accepter d'être seul si la compagnie ne vient pas est tellement plus apaisant. Cependant se rendre prêt à accueillir la compagnie si elle vient.
Mais au-delà de ces renoncements, il me reste quelque chose, un atrait, une aspiration aux choses, car sinon je me contenterais de méditer là, sans courir, ni regarder les hommes.
Ne pas renoncer à s'exprimer, mais renoncer au dernier mot.
Mais surtout ne jamais renoncer à défendre des idées humanistes.
Enfin, j'espère bien que quand je sentirai le moment venu, la société acceptera que je renonce à la vie.