Apprendre à se suffire ou souffrir
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Apprendre à se suffire ou souffrir

Par CAPCAP - 31-03-2018 13:43:23 - 5 commentaires

Apprendre à se suffire ou souffrir

Poursuite de ma réflexion sur le renoncement

 

Je reprends, renoncer peut être une libération vis-à-vis d'une vaine attente asservissante.

Par exemple, il n'est plus utile que je rêve de faire une belle carrière libérale, j'ai zigzagué pour atterrir fonctionnaire, à mon poste actuel, voila, point. Pas la peine de regretter ce qui ne sera pas. Je suis conscient de ne pas avoir l'esprit d'entreprise, alors que j'ai un vrai sens du service public. Mais il y a là peu de métiers créatifs.

 

Dans cette logique, renoncer n'est pas négatif, même au regard d'accepter qui serait son pendant positif. Au contraire, accepter peut exprimer, pour moi, la résignation à ce qui s'impose, un non-choix. Alors que renoncer peut relever d'une démarche volontaire de se défaire d'un asservissement.

 

Mais que faire après s'être allégé par le renoncement? La vie risque de flotter dans un certain vide, après s'être débarrassé d'envies inutiles et d'objectifs inatteignables. La nature (humaine) n'a-t-elle pas horreur du vide?

Alors je ne vois que deux chemins:

- Soit se trouver de nouveaux objectifs, raisonnables, atteignables, de petits objectifs, avec peu d'ambition, à la hauteur de ses capacités (restreintes)...

- Sinon, ne faut-il pas apprendre à apprécier ce qu'on a et ce qui s'offre banalement à nous, comme si cela était neuf?

 

Ça fait plusieurs fois que j'entends sur France Culture, que le cerveau est une formidable machine à apprécier la nouveauté. D'où notre asservissement au portable et aux réseaux sociaux. Mais il s'habitue très vite à ce qui se répète et n'y prête plus attention. D'où le fait que notre confort moderne ne nous fasse plus plaisir. On est blasés.

Petite anecdote: j'ai fais mon service militaire il y a plus de 20 ans à Tahiti. Hé bien une des choses dont je me souviens, c'est que l'eau du robinet n'était officiellement pas potable (depuis qu'un cadavre avait été jeté dans le réservoir…) Mais je me souviens aussi du plaisir retrouvé à pouvoir boire au robinet en métropole! Qui prend plaisir à ça? C'est pourtant une chance que beaucoup d'humains n'ont pas.

Par chance, il y a des petites choses du quotidien qui se répètent et sont pourtant tous les jours du "bien", chaque repas peut être un plaisir renouvelé (je n'ai pas dit "un voyage gustatif, une explosion en bouche, une découverte culinaire"…) Mais la papilles reprenant du service, elles disent au cerveau leur plaisir à goûter la nourriture revenue (bon, un Big Mac, je ne sais pas…)

 

Côté sport c'est plus compliqué. Voilà un an que je ne coure plus. Mais la CàP a été un tel bouleversement dans ma vie, qu'il m'est bien difficile d'y renoncer. Certes j'arrive à faire des séances de marche athlétique sur piste qui me font retrouver de l'intensité et donc le bien-être qui suit le sport.

Mais je ne retrouve pas la liberté de la CàP. Il faut vraiment faire un effort en marche pour avancer (8km/h), alors que le footing (12km/h) m'était naturel. On a vite fait de redescendre d'une marche "sportive" à une marche "balade".

En CàP, le footing permet à la fois la balade et le sport, ceci étant possible sur une journée entière, voire répété sur plusieurs jours, ce que j'aimais le plus.

 

Accepter de vieillir c'est aussi renoncer à la jeunesse. Percevoir les petits dérèglements du corps et subir les plus gros. Mais est-il possible de se concentrer sur tout ce qui fonctionne encore dans cette formidable machine qu'est le corps humain? Marcher en prenant conscience de tout le travail d'équilibrage que font les jambes? Sentir la faim qui nous informe d'un besoin; Réduire à bouillie des aliments avec ce qui nous reste de dents vivantes et de couronnes... en profitant au maximum de nos capteurs du goût; Sentir l'agréable satiété retrouvée, le petit coup de fatigue lié à la digestion (et incitant à une petite sieste), puis l'énergie retrouvée...

 

Vient aussi un moment où on ne va plus "chercher ses limites" par exemple sur un ultra. Bon, j'ai fait une fois une 215ème place sur 2650 partants sur la Diagonale. Bon, c'est fait, c'est du passé. Je suis content de "l'avoir fait".

Maintenant je ne chercherai plus "un peu plus loin" mes limites. Mes limites vont se rapprocher. Et pourtant elles seront tout aussi dures à atteindre. Moins valorisantes d'une certaine façon, car autant d'effort pour un résultat moindre. C'est la quête qui doit compter, pas le résultat. Mais si ce n'est plus un assouvissement de l'ego, qu'est-ce donc? Quand je suis (en marche) dans le 3° quart au lieu du 1er, je peux voir ça comme une déchéance ou comme une belle réussite, ça ne dépend que de moi, de ma façon de voir les choses.

 

C'est ce regard bienveillant sur ma vie, quel que soit son décalage avec mes aspirations passées, que je souhaite trouver.

L'idéal ne serait-il pas d'être capable de profiter de chaque inspiration?

Mais, si tant est que ce soit possible, quel décalage avec notre société!

 

Une chose manque significativement à cette réflexion: les autres.

Je dois redonner une place aux autres dans ma vie. A suivre, donc...

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5 commentaires

Commentaire de philtraverses posté le 01-04-2018 à 10:31:45

Il ne te reste plus qu'à mettre en oeuvre les sages et éclairés conseils que tu te prodigues dans ton post et auxquels il n'y a rien à rajouter. Mais il est vrai qu'entre savoir ce qu'il faut faire et pouvoir le faire, il y a un monde.
Aussi ne serait il ps opportun de prendre une sorte de "coach" qui te fixerait des objectifs raisonnés non inaccessibles et par suite non décourageants et qui t'encouragerait dans la réalisation de ceux-ci. Quelqu'un de neutre et bienveillant ne te jugeant. Ca doit bien exister même si ça doit être rare vu que tout un chacun passe le plus clair de son temps à juger les autres sans toujours se l'avouer..
Accepter le regard d'autrui et ne pas en dépendre serait une bonne chose aussi.

Commentaire de Yvan11 posté le 06-04-2018 à 11:57:12

Voilà un billet dans lequel je retrouve 99.9 % de mes préoccupations actuelles. A la dernière phrase près peut être...

Commentaire de CAPCAP posté le 06-04-2018 à 13:18:30

@ philtraverses, je suis bien d'accord avec ta 2ème phrase. Intéressante proposition que de chercher un coach. Mais il faut trouver la bonne personne! :-/
J'ai pris un coach il y a 10 ans dans le cadre d'un changement de travail, mais il n'a pas réussi à me soutenir vraiment. Et il n'a pas vu que mon cas dépassait ses compétences, j'avais vraiment besoin de voir un psy. :-(
@Yvan11, je pense qu'on est très nombreux dans cette situation, peut-être bien moins à se poser ces questions en ces termes...
Je pense que je vais augmenter la pratique de la méditation, que ça me fait vraiment du bien. :-)

Commentaire de Benman posté le 09-04-2018 à 00:06:08

Il y a au moins 3 réflexions très inspirantes dans ton propos:
. comment rester émerveillé par ce qui nous entoure sans sombrer dans ce regard blasé que n'importe quel trajet en métro trahit
. Comment avoir un regard bienveillant sur soi-même.
. Comment redonner une place aux autres dans sa vie.

Des réflexions essentielles pour donner un sens à sa vie.
Bonne quête et merci pour ces rappels.

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