KikouBlog de CAPCAP - Décembre 2016
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Archives Décembre 2016

Les gens qui doutent

Par CAPCAP - 21-12-2016 15:38:19 - 6 commentaires

Puisque j'en suis à m'exprimer par chansons interposées, je vous propose celle qui sans nul doute m'a le plus touchée.

Je ne voudrais pas causer de tord à Kikouroù quant aux droits d'auteurs, alors je ne mets ici qu'un extrait des paroles d'Annes Sylvestre pour "Les gens qui doutent", 1977

 

J'aime Les Gens Qui Doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur coeur se balancer
J'aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer

J'aime les gens qui tremblent
Que parfois ils ne semblent
Capables de juger
J'aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté

J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons

...

La suite se trouve par exemple ICI

 

Chantée en direct dans "Numéro Un" sur Antenne 2

http://www.ina.fr/video/I07113478

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La musique de l'âme Tordue

Par CAPCAP - 16-12-2016 21:30:57 - 4 commentaires

Bon, allez! Ca va mieux, après mon triste billet précédent, je ne vais pas laisser une sale impression comme ça...

Et parfois (souvent) la musique aide, alors j'ai envie de partager cette très belle chanson de La Tordue

La vie c'est dingue
La vie c'est fou
La vie ça t'flingue
La vie ça t'cloue
Ça te rend brindzing
Ça t'fait des trous
Dans la carlingue
Ça te renfloue
Ça t'fait du gringue
Ça t'fait du genou
La vie c'est dingue
La vie c'est doux
Ça te dézingue
Ça t'saute au cou
Ça t'violon d'Ingres
Ça t'met en joue
Ça te valdingue
Comme un joujou
À toute berzingue
T'y vois qu'du blue


Le plus important
C'est d'être pas mort


La vie c'est fort
La vie c'est barge
La vie ça t'mord
Ça t'fout la rage
Ça rent' ça sort
Ça déménage
Ça t'met dehors
Ça plie bagage
Ça t'prend au corps
Ça t'jette en cage
Ça commence fort
Ça dérapage
Ça vire de bord
Ça tangage
Ça trompe la mort
Ça dégage
Ça loi du plus fort
Ça ravage
Ça parle à tort
Ça commérage


Le plus important
C'est d'être pas mort


La vie c'est loco
La vie c'est crazy
La vie c'est barjo
La vie c'est un cri
Un coup d'couteau
La vie ça s'écrit
Avec des sanglots
La vie c'est la vie
Ça t'fait du gringue
Ça t'fait du g'nou
La vie c'est dingue
La vie c'est doux
Ça te dézingue
Ça t'saute au cou
Ça t'violon d'Ingres
Ça t'met en joue
Ça te valdingue
Comme un joujou
À toute berzingue
T'y vois qu'du blue
La vie c'est cool
La vie c'est dingue
La vie c'est fou
La vie c'est chaud
La vie ça t'flingue
La vie ça t'cloue
La vie s'écoule
Ça te rend brindzing
Ça t'fait des trous
Dans le caniveau
Dans la carlingue
Ça te renfloue
La vie s'déroule
Ça t'fait du gringue
Ça t'fait du genou
Sur ton tempo
La vie c'est dingue
La vie c'est doux
La vie déboule
Ça te dézingue
Ça t'saute au cou
Te met k.o.
Ça t'violon d'Ingres
Ça t'met en joue
La vie c'est beau
Ça te valdingue
Comme un joujou
La vie t'amoche
La vivendi
À toute berzingue
T'y vois q'du blue
La vie cabosse
La vitriol


Le plus important
C'est d'être pas mort


La vitre ouverte
La vis à vis
La vie c'est chouette


Le plus important
C'est d'être pas mort

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Un Kikoublog très perso

Par CAPCAP - 14-12-2016 22:27:20 - 8 commentaires

Un Kikoublog pour quoi faire?

Nécessairement pour parler de course à pied? Manifestement non à voir les autres blogs.

Pourquoi me demander ce que je veux mettre dans mon kikoublog?

Parce qu'est un de ces soirs de doute, sans doute.

Et une journée particulière en est le déclencheur. Et un joli collier autour du cou.

 

Avant

Automne 2016, plusieurs fois j'entends mon cœur battre. Là, comme ça, sans stéthoscope. La fatigue ressentie en CàP pouvait être liée à des bobos, à un entraînement aléatoire. Mais pas ce bruit de battement. Du coup je décris ça à mon cardiologue par mail. Le résultat ne se fait pas attendre, sa secrétaire me donne une ordonnance pour une prise de sang et un rendez-vous pour une échocardiographie, une semaine après seulement, j'en déduis qu'il est inquiet et souhaite rapidement lever le doute. Et mon inquiétude enfle de fait aussi...

 

Lundi

Lendemain de sortie longue, belle balade en forêt de 28km, je me sens bien. Pourtant le lundi est souvent un jour difficile où je dois reprendre sur mes épaules la charge du travail. Et surtout cette impression de surcharge, d'impossible mission. Mais ce lundi, j'ai l'impression que j'arrive à peu près à faire mon job vite et pas-trop-mal.

 

Mardi

Pente descendante. Je dois m'occuper d'un dossier merdeux qu'on m'a refilé. Pour une telle opération, il faut de la fermeté, de la tchatche, voire de l'autorité, tout ce que je ne suis pas. Je vois sur mon bureau tous les papiers que je n'ai pas réussi à ranger depuis des lustres. Je me doute qu'il doit y avoir des petites bombes oubliées là-dessous…

Longtemps que je n'ai pas pris le temps de noter, organiser, prioriser (je hais ce mot, comme s'il pouvait être la solution…) mes tâches. Du coup la mer monte, mon petit tsunami à moi approche, je sens le spectre d'un nouveau burn-out apparaître. Heureusement, je commence à savoir lâcher prise pour ne pas craquer. Je bricole trois bêtises, la tête embrumée, jusqu'à l'heure de partir (plus tard que l'heure officielle quand même, je suis cadre et je me crois obligé de faire "comme si")

Chemin de mon appartement, il fait nuit, noir, c'est l'hiver. J'avais décidé de ne pas aller courir pour soulager mon genou et sa petite douleur. C'est donc sans avoir bougé mon corps que je retrouve mon appartement vide, comme tous les soirs. Bah, je suis habitué; "on s'habitue, c'est tout!" disait Jacques, à raison. Mais là particulièrement, j'aurais bien discuté de ce qui m'attend le lendemain, partagé mon inquiétude. Coup de fil aux parents, mais il "ne faut pas" trop les inquiéter, d'autant qu'ils ont aussi leur dose de problèmes physiques en ce moment.

 

La mauvaise idée

Mais au fait comment ça s'opère un prolapsus mitral? J'avais déjà 2 ou 3 petites informations. Mais là je décide de chercher sur Youtube. Et je regarde une belle opération de plastie mitrale, circulation sanguine extra-corporelle, ouverture entre deux côtes, pénétration d'une caméra, ménagement d'une cavité sous les côtes, vidage et arrêt du coeur, ouverture de l'oreillette, de la couture, de la découpe… Je vois bien ce qu'est un prolapsus, ici avec un cordage rompu, exactement ce qui me menace. On referme le tout, opération réussie. Mais la distraction est ratée, ce n'est clairement pas le genre de série TV qu'il faut regarder avant de voir son cardiologue (ça me rappelle que la dernière fois que j'ai donné des plaquettes, j'ai regardé Delicatessen!!!)

 

Jour J

Nuit étrangement assez calme. Mais je vois bien que je cherche à tout prix à occuper mon esprit. Après tout, si au boulot j'ai perdu l'habitude de "perdre du temps" à préparer les réunions, je fais à l'avenant, ça devrait aussi le faire pour ce rendez-vous, y'a pas de raison!

Me voilà donc parti pour l'hôpital. J'ai de l'avance, je peux prendre un déca, quand même pas un café avant de voir le cardiologue, non!

Une fois trouvé le bon couloir, la bonne salle, j'attends. Je regarde une dernière fois sur mon téléphone le mail que j'avais envoyé au professeur. Et je me rends compte que je n'arrive pas à lire, mon esprit n'y est pas, je comprends à peine les mots. Je mesure le stress qui m'habite. J'essaie de respirer profondément et tranquillement. J'essaie de penser à l'enfant d'amis qui est myopathe. Mais le malheur des uns ne fait pas le bonheur des autres, non.

On me conduit dans la salle d'échographie. Je dénude mon torse, faisant apparaître ce buste taille S sur un corps de 1,88m.

Et puis un moment presque agréable, étonnamment. Le soleil perce à travers le volet roulant, projetant des petits ovales de lumière sur le vitrage, sur le mur latéral, la porte au fond, avec des reflets, des jeux avec la texture de la toile de verre murale, l'ombre du distributeur de savon, la lisse de protection du mur… Bref, toutes ces choses si banales, si ternes en temps normal, si peu réjouissantes, sont animées par ces étranges rayons de soleil. J'aurais aimé faire une dizaine de photos abstraites, il n'y a pas que sur les chemins de montagne que j'aime déclencher. Mais je suis là allongé avec trois électrodes sur le torse. Je ne suis pas là pour rigoler.

 

L'écho

Une jeune interne arrive pour faire l'échocardiographie. Étonnant de voir tout ça sans aucune intrusion, sans aucune douleur. D'ailleurs je la vois bien, très bien cette petite valve avec son surplus de tissu. Je la vois s'ouvrir, se fermer, s'ouvrir, se fermer… avec l'impression qu'elle faseye un peu à chaque fois. Mais là je ne suis pas sûr d'être objectif. Cette jeune femme m'apaise. Étant homo, je ne suis pas sensible à ses charmes, mais juste apaisé par sa présence douce et bienveillante, bien que concentrée sur mon petit cœur, point d'histoire de cœur entre nous!

Puis le professeur arrive, avec son assurance, son autorité naturelle, son savoir, son appréciation sur ces images agitées, son jugement sur mon petit organe et sur mon avenir. Je sens le trouillomètre remonter d'un cran. Il explique un certain nombre de choses à son interne, avec un détachement tout médical, comme s'il ne s'agissait pas de ce petit muscle dans ma poitrine, cette petite pompe qui m'a déjà permis de faire 170km et 10000mD+ à la Réunion…

Puis il me demande mon analyse de sang. Là le peu de conscience des choses que j'avais s’écoule sous le lit, je l'ai oublié ce rapport, non d'un chien. Ha! Je l'ai aussi sur mon téléphone! Sauf que comme tout à l'heure, je suis à peine capable de lire et encore moins de savoir où cet abruti d'Androïde a planqué mon analyse, je n'ai pas l'humeur à jouer à cache-cache. Le professeur non plus, qui attend sans cacher, lui, son impatience, il finit par me dire de la chercher après. Je ne suis "plus là" lors de la fin de l'examen. Je n'arrive même pas à me sentir soulagé quand il me dit que ma cardiopathie n'a pas évolué. Évidemment, je retrouve immédiatement le fameux rapport, à peine assis dans la salle d'attente.

 

Sourire

Après un temps indéterminé dans cette salle d'attente, à ne pas savoir ce que je dirai au professeur, raide sur ma chaise, le regard vide. Il arrive. Il me sourit, il sait que je suis émotif. Il sourit d'autant que je lui montre une analyse ou le marqueur de stress cardiaque est toujours dans une proportion faible.

 

Après

Mais après? Je n'ai pas discuté avec lui. Je n'ai pas pu lui dire que j'avais sans doute fait un peu beaucoup cette saison (un raid de 270km en Bretagne, un ultra de 120km au Pic-St-Loup, un UT4M en 4 jours…) Pas demandé ce qu'il est "raisonnable" que je coure la saison prochaine…

Je ne sais toujours pas pourquoi j'entendais mon cœur, comment considérer ça comme normal? Comment partir serein?

C'est ainsi que je vais à la "Consultation" pour qu'on me pose un holter ECG. Je vais le porter 24h ce petit boîtier sur ma poitrine. Je descends, me prend un vrai café cette fois, m'arrête un instant devant l'hôpital entre les plantes, au soleil. Le mental est en train de se relâcher. Je me sens vidé comme après un très gros effort. Moi qui marche toujours vite, je traîne jusqu'au métro.

J'ai honte de moi, de mes plaintes quand je vois des SDF, un type qui boite abominablement.

 

Retour au taf

Je devais profiter de mon après-midi libre, et puis rendre le holter demain matin m'impose de décaler ma demi-journée de congé. Je retourne donc au boulot, habillé comme en week-end, mais comme je ne suis alors ni très relax, ni très élégant au bureau, ça ne se voit sans doute pas trop. Seule une personne m'interroge sur le ruban qui passe derrière mon cou, s'est vrai qu'on le voit ce lien qui tient l' ECG. Mon collègue de bureau est la seule personne avec qui j'en discute, car on s'entend bien, et il a aussi vu un cardiologue ces jours-ci. Dommage, il quittera son poste dans quelques mois. Une perte pour moi. Et une nouvelle désorganisation du service à venir, alors qu'on essaie de mettre en place des rudiments d'organisation. Notamment une procédure pour faire les procédures ultérieures. Ça promet… Je retrouve tout ce qui est en retard, on me relance sur plusieurs sujets, on m'interrompt plusieurs fois, comme d'habitude. L'inhabituel, c'est une réunion de tout le service autour du directeur, qui nous demande de communiquer plus, étant donné le contexte tendu, il faut montrer qu'on est là, il ne s'agit pas seulement de faire, mais aussi de le dire. Mais la com' n'est pas mon fort. Pas facile quand on a une tendance dépressive. Seule la pratique de la course à pied semble relativement épargnée par cette humeur, il est rare que je n'arrive pas à courir. Et je n'ai jamais su si les antidépresseurs étaient efficaces, contrairement au sport qui, lui, est clairement efficace. Enfin quand on peut courir. Quand on a le sésame des autorités médicales.

 

Home

C'est avec une grande sensation de vide que je rentre chez moi, seul. L'impression que tout est toujours aussi pénible, malgré les années qui passent. Qu'il est difficile de se défaire de toutes ses illusions pour enfin atteindre un certain bien-être. Et toujours cette impression que je ne suis pas capable de changer de boulot, mais que je supporte bien mal ce job, sensation d'enfermement, de situation sans issue. Et je retrouve mon 2 pièces vide. Enfin vide d'un compagnon. Car il est loin d’être vide, ça fait des années que je n'arrive pas à ranger au rythme nécessaire, que je ne sais pas me détacher des choses, une façon de m'accrocher à quelque chose.

Comme tous les soirs j'ouvre Kikouroù, je regarde les derniers messages du forum. Toujours autant de consumérisme, toujours autant de sujets sur le matériel. C'est avec les jambes qu'on coure, non? Pas avec le matériel! Puis, après tout, je m'en fous. De toute façon, les nouvelles du climat sont de pire en pire, on apprend au journal que l’Arctique n'a jamais été aussi chaud. Est-il encore utile de se soucier de l'environnement? Est-il intéressant que j'essaie de trouver un poste dans ce domaine? Je ne lirai pas le sujet "Impact écologique des objets connectés". Pas aujourd'hui.

Et je tombe sur les blogs. Ce kikoublog que j'ai demandé et presque jamais alimenté. Encore une belle ambition vaine…

Et après tout, pourquoi ne pas parler de ma journée? Les Kikoublogs ne parlent pas toujours de CàP, loin de là.

J'ai plutôt honte d'un tel épanchement personnel. Mais en même temps, personne n'est obligé de me lire. Alors si ça me fait du bien d'écrire sur ma petite vie, ses petites péripéties, mes gros battements de cœur, l'absence d'affaire de cœur et …

 

Quelle chose étrange que d'en avoir marre de cette vie, le soir, quand le matin même j'avais peur pour la vie de mon corps. Écrire m'a apaisé, et je vais pouvoir aller me coucher dans ce trop grand lit avec mon petit boîtier ECG qui va sans émotion écouter mon cœur toute cette nuit.

 

Si vous êtes allés jusque-là, excusez-moi pour ce déballage…

Je suis sûr que j'en aurai honte demain...

 

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