KikouBlog de CAPCAP - Juin 2020
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Mort-vivant à la carte de cantine

Par CAPCAP - 01-06-2020 19:50:09 - 9 commentaires

Je vous conte une mésaventure de ce début d'année :


Aujourd'hui, lundi 23 mars, on aurait dû enterrer "CAPCAP" en fosse commune.

Enfin, on aurait dû enterrer un corps auquel mon identité avait été attribuée.

Et j'aurais officiellement disparu. Aurais-je pour autant été un mort-vivant? Non. Aurais-je été un sans-papier? Oui, car on me les a volés il y a deux mois au bar où on prend un pot après l’entraînement.

Mi-janvier, c'est déjà si loin !

Et pourtant, 2 mois après, je n'ai pas réglé toutes les conséquences de cette histoire, loin de là!

Ah! Je revois Momo, le gérant du bar, il était vert que ça ait pu se passer chez lui, sous nos yeux, sous ses yeux!

Cependant, rien de grave, pensais-je, car j'avais mes clefs sur moi. Et j'ai pu faire opposition très vite sur ma carte bancaire. Et dans la foulée, j’ai porté plainte en ligne, mais il a fallu 10 jours pour que j'obtienne un rendez-vous pour signer ma déposition...

Puis le temps passe, parfois je procrastine très bien! Je n’ai toujours pas refait faire mon permis de conduire ni ma carte d’identité. Avais-je une "intuition"?

 

23 mars, le Covid-19 confine la société, je me mets, comme tous ceux qui le peuvent, au télétravail.

Je repense à jeudi dernier, où mon chef m’appelle, le DG a été contacté par le commissariat du 11e, lui disant qu’on avait retrouvé le corps de "CAPCAP", mort, avec une carte de la mairie où je bosse. Très surpris, le DG interroge mon chef, qui m’appelle immédiatement. Il s’en doutait, mais il est rassuré, je suis vivant! Je dois appeler le commissariat du 11e, où une brigadière m’explique que la police a retrouvé un corps mort avec mes affaires sur lui, dont mes papiers. Un agent, trouvant sans doute qu’il ressemblait à ma photo, lui a attribué mon identité... Elle me convoque au Commissariat pour le lendemain.

 

1er vendredi du confinement, loin d’être stressé, je traverse Paris à pied, trop heureux d’avoir une raison de sortir par ce beau soleil, dans Paris désert, l’air est pur comme jamais! Ambiance bien moins légère au commissariat, attente, distanciation, masques, gants… La brigadière relit avec moi mon dépôt de plainte. Puis elle me dit que le corps, du voleur probablement, a été retrouvé mort le lendemain du vol. Elle m’apprend qu’il devait être enterré le lundi qui suit, en fosse commune. (Ça fait donc 2 mois qu’il attend dans la morgue!) Et que ceci a été arrêté de justesse.

Le corps, c’est une chose, mais l’identité en est une autre, je suis simplement déclaré mort par la mairie du 11e et le commissariat … Ce dernier a envoyé en urgence une demande pour annuler cet acte. Dans l’après-midi, j’apprendrai que l’acte a pu être intercepté, avant d’être déclaré mort à l’état-civil de mon lieu de naissance, ouf, je ne suis pas encore complètement mort!!!

 

Moment d’émotion, on me présente les affaires de l’homme, un SDF. Je reconnais immédiatement mon sac de sport, celui que j’emmène aux stades depuis des années. Je retrouve mon petit sac avec mes affaires de CàP qui macèrent dans ma sueur depuis deux mois… Mon sac à chaussures. Mon appareil photo, mon permis de conduire, ma carte d’identité, ma carte bancaire… et ma carte de cantine avec le nom de mon employeur, la fameuse qui permettra de remonter jusqu’à moi!

Intermède : Un bref moment de rigolade s'insinue malgré tout, l’odeur piquante ne vient pas des affaires de sport, ni de celles du SDF, en effet il y a deux mois j’avais acheté un munster !!!

 

Lundi 23 mars, j’essaie d’appeler le commissariat de mon arrondissement, où j’ai déclaré le vol, pour savoir si la demande d’annulation de mes papiers a été envoyée aux administrations, même si 1,5 mois après ma plainte, il y a de très fortes chances que mes papiers retrouvés ne soient plus que des bouts de papier et de plastique sans valeur. Des faux parfaits puisque vrais! Ces papiers officiels, sont-ils comme moi, un peu morts? Je ne le sais toujours pas !

 

Jeudi 25 mars. Mon pharmacien m’appelle, heureux de m’entendre. Il a eu un impayé de la Sécu au prétexte que je suis décédé. Ça y est! Me voici mort pour l’Assurance Maladie, et sans doute toutes les grandes administrations… Galère !!! Je suis mort un peu partout... Ça serait le moment de faire un braquage et de disparaître dans la nature. Sauf que doué comme je suis, la police m’intercepterait à coup sûr, même mort-vivant.

 

Conseil important : ayez toujours sur vous une pièce d’identité, comme son nom l’indique, ça peut être très utile pour vous identifier en cas d’accident. Encore mieux, faîtes vous une petite carte avec les coordonnées de proches à prévenir en cas de problème. Je l’ai toujours sur moi en entraînement, mais pas quand je vais au stade, c’est bien dommage…

 

Pour finir, j'estime être quelqu’un qui a un esprit plutôt scientifique, voire cartésien, or je fais face à des coïncidences étranges:

- Pourquoi ai-je eu le pressentiment que je ne devais pas mettre mon sac trop près de la porte du bar?

- Pourquoi ai-je tant procrastiné, sans me décider à faire renouveler les papiers que j’ai finalement retrouvés?

- Pourquoi j’ai osé, pour la première fois, m’adresser à une SDF et à m’occuper un peu d’elle en ce début d’année, alors que mon voleur était probablement SDF?

- Pourquoi ai-je tergiversé à prendre rendez-vous avec le podologue, alors que j’ai une ordonnance depuis des semaines. Et là, j’ai récupéré mes semelles…

- Pourquoi ce type est-il mort d'étouffement en mangeant ce qu'il avait dû payer avec ma CB volée? C'est son karma, disait la brigadière…

- Pourquoi, au bout de deux mois tout de même, "mon" attestation de décès n'a-t-elle pas été encore portée sur l'état civil dans ma commune de naissance?

- Pourquoi deux mois après la découverte du corps, la police se décide-t-elle enfin à appeler l'organisme au nom écrit sur ma carte de cantine? Pourquoi à deux jours seulement de "mon" enterrement?

- Pourquoi dans cette période, ai-je commencé un livre sous-titré "Pour la joie de ne rien être" (d’Eric Baret)

- Pourquoi avais-je écrit le nom de mon employeur sur ma carte de cantine? Sans cela, la police ne m'aurait pas retrouvé et un jour on m'aurait dit que je suis mort depuis longtemps...

 

CAPCAP, mort effrontément vivant !

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