KikouBlog de CAPCAP - Décembre 2017
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Bigorexie, addiction, besoin, manque et... sevrage!

Par CAPCAP - 02-12-2017 14:33:51 - 6 commentaires

Bigorexie, addiction, besoin, manque et... sevrage!

Je profite de cette pause (dont j'espère bien la fin un jour) dans ma pratique de la CàP pour aborder quelques réflexions sur nos rapports à notre activité favorite.

La bigorexie, selon Wiktionnaire, c'est une "dépendance excessive d’un être humain à l’activité sportive, notamment pour développer sa masse musculaire" Je comprends que le premier point peut concerner beaucoup de Kikous, mais il me semble que le second est loin de nous, la CàP étant peu à même d'apporter une grosse musculature, on voit bien des gringalets faire de très belles perfs en trail. 

Mais l'addiction est clairement un risque pour l'ultratraileur. Il suffit de faire un tour sur "les blessés comptez-vous" pour le voir. Quand on ne l'a pas soi-même vécu lors d'un arrêt pour blessure, on ne peut le comprendre vraiment. Cette activité qui nous conduit sur les chemins pendant des heures, voire des jours, associe deux spécificités il me semble:
- Un aspect hypnotique propre à la répétition des pas sur des milliers de mètres, sans doute 300 000 pas sur un GRR!
- Un aspect biochimique lié à l'intensité de la CàP, un des sports les plus énergivore. Il en découle des adaptations physiologiques dont la production des fameuses endorphines, sorte de drogue auto-produite. Qui dit drogue dit vite dépendance. 

J'ajouterais un aspect moins spécifique me semble-t-il, l'image de sportif, image vécue très positivement dans la société. Cependant, l'ultratrail, et ses distances toujours plus longues, ses dénivelés toujours plus gigantesques, faisaient de nous des sortes de héros des temps modernes. Cette image de nous-mêmes peut évidemment être addictive dans un monde de sédentaires. 

Plus prosaïquement la CàP apporte aussi un bol d'air qui vivifie nos existences, souvent urbaines. Et ceci est tout aussi vrai pour le coureur du dimanche et se priver de sa sortie dominicale nous laissera une impression de légère somnolence voire d'étouffement. 

Enfin le rituel est un aspect à ne pas négliger, nous humains avons le plus souvent des vies réglées comme du papier à musique, et manquer une activité apportera un sentiment d'incomplétude. 

Enfin, l'amitié et les rencontres sont loin d'être des qualités négligeables de la CàP. C'est un sport individuel mais bien souvent socialisant. Très bonne ambiance chez les FrontRunners de Paris, avec ses 380 membres LGBT et leurs amis.

Indirectement la nourriture nous rappelle à la CàP, car, si le besoin calorique n'est plus là, l'habitude de manger ne disparaît pas vite et on est un peu alourdis par des rations trop grosses pour nos besoins. 

Voilà, je pense avoir fait un bon petit tour autour des causes addictives de la CàP, tel que je les ressens.J'ai en effet tout le loisir de tester le manque depuis 7,5 mois... Et je remarque que le sevrage se fait par étapes, progressivement, chaque cause addictive apparaissant l'une après l'autre et probablement dans des ordres différents pour chacun.

Le sevrage le plus physique est passé pour moi, je me sens un peu comme quand j'étais sédentaire.
Un soir récent, le passage au stade pour dire bonjour ne s'est pas transformé en une intense frustration quasi-douloureuse comme il y a quelques temps.

Ce sont les aspects psychologiques et sociaux qui sont les plus compliqués à gérer pour moi.
Pour le second, tout le monde comprendra que le fait de ne pas profiter de la CàP pour voir des amis me pèse. D'autant que je vis seul et plutôt isolé.
Pour l'aspect psychologique, ça m'est bien plus personnel, car la CàP a été mon premier sport, tardivement (à 30 ans) j'ai remplacé ma perception de mon corps malingre par celle d'un corps CAPABLE de faire des choses, jusqu'au GRR! Alors cette construction positive s'affaisse, je me sens très diminué, ça passe un peu quand même. Et ça doit être tellement banal, tant de gens perde leur audition, leur mobilité, leur vue... avec l'age. Chacun doit s'y faire avec l'age. Mais je n'ai pas tout à fait 50 ans!

Pour ce qui est du besoin de s'aérer la tête, je pense que la méditation et la sophrologie me font beaucoup de bien. Ça me permet de mettre à plat le stress et l'accumulation des sollicitations modernes. Et je prends le temps de traverser tranquillement les squares sur mon chemin vers le travail, regarder les plantes, écouter les oiseaux...

Voila, ma petite réflexion sur ce qui concerne ou a concerné bien des coureurs, bien des Kikou...

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